Les Eternels : Chronique Mindlag Project

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Les Eternels : Chronique Mindlag Project

Ils viennent de Vitrolles, dans le sud. Ils sont six dans le groupe dont un violoncelliste et un bassiste qui joue aussi de l’alto. Ils évoluent entre thrash, death, hardcore, musique celtique et autres joyeusetés. Ils ont maintenant dix ans d’existence mais sortent seulement aujourd’hui leur premier album qui compte pas moins de dix-sept titres. Et ils sont tellement doués qu’ils font presque peur. Ce sont les Mindlag Project, et si vous n’avez pas encore entendu parler d’eux il est temps de combler vos lacunes. Car ils vont tout casser.

Mindlag Project est un album de fou, un OVNI total qui prouve une fois encore que la scène française recèle des pépites insoupçonnées. Ce creuset dans lequel les éléments les plus divers ont été mêlés avec maestria n’est pas du genre qu’on appréhende en plusieurs écoutes, et après deux semaines d’écoute acharnée votre serviteur n’en a toujours pas fait le tour. Découpé en cycles, entrecoupé d’interludes, cet album semble vouloir emporter l’auditeur dans un univers à part entière. Et cet univers naît dans la violence, dans un thrash-death véloce, violent et écorché. Le son est massif, les riffs basculent entre thrash et melodeath, et le growl est à la limite de l’inhumain. Le timbre animal et ultrasaturé fait penser à Eths alors que le placement des hurlements rappelle The ARRS, en particulier dans la manière dont ils sont tenus sur plusieurs mesures. Après avoir bloqué sur la puissance et la précision de la batterie, on réalise soudainement que la violence brute n’est qu’une facette du tout. Les guitares partent dans des plans heavy-metal épiques flamboyants, le chant passe du growl animal suscité à un clair-agressif surpuissant… et le refrain de « Cerbera » soudainement vient nous convaincre que tout ça dépasse le simple cadre du talent. Ce n’est presque rien, juste une touche de falsetto dans le chant… mais ce n’est pas quelque chose que n’importe quel groupe pourrait sortir.

Le truc de Mindlag Project, c’est que le groupe s’exprime dans deux cadres distincts qui se rejoignent. Le premier, c’est celui d’un thrash/heavy/death à la limite du virtuose dans la composition comme l’exécution. Un métal racé, moderne, puissant, qui cogne très fort et qui peut potentiellement plaire à tout fan de métal au sens large. Dans ce cadre on trouve les plans écrasants ouvrant « Duel », le thrash mélodique de haute volée de « Charisme Égyptien » (où quelques riffs rappellent The ARRS, à nouveau) ou « L’échappée belle », les harmonies Maideniennes de « Jon de Grimclat », ou le contraste entre les rythmiques ultra-mélodiques et le chant hurlé de « Le détour ». On remarque dans ce cadre que les riffs de Mindlag Project sont systématiquement hyper balaises, comme si le groupe avait appris par coeur le manuel de bonheur pour chevelu à moshpit. Si le groupe s’était contenté de ce cadre l’album aurait « juste » été vraiment bon, il aurait récolté un 16/20 et on s’en était tenu là. Mais certains passages de l’album prouvent que ces gens vont plus loin que le « juste vraiment bon », et on entre dans le deuxième cadre : celui de la fulgurance. Le coup de génie qui vient illuminer une musique qui n’en avait même pas besoin pour poutrer sévèrement. Et qui prend tellement de formes différentes qu’on ne le voit jamais venir.

Quand on a un violoncelle et un alto dans un groupe on s’en sert. Mais est-ce qu’on s’en sert de manière facile et évidente ? Non, bien sûr. On commence par prendre l’auditeur à revers en ouvrant « La chute » sur un riff de rock balancé à la Down, et seulement là on envoie un couplet ou le chant hurlé/chanté et les guitares intègrent les cordes pour donner au tout une saveur folk-celtique inédite. Ou bien on part dans l’expérimental franc avec « Lugubre Amendement », les cordes en question servant de nappes pour laisser s’exprimer un chant qui alterne entre douleur et douceur. Et pas forcément besoin des cordes pour scotcher les gens au siège : on peut aussi partir sur une base hardcore Lofo / Pantera groovy qui fait headbanguer comme pas possible… et soudainement poser des choeurs tribaux en transe (« heya, heya, heya…») alors que le chant principal se pose sur un refrain totalement hypnotique. Et juste après ça, pourquoi ne pas caler un solo bluesy totalement anti-shred avant de repartir en heavy-thrash ? Après tout on aurait tort de se prive, vu que par un tour de passe-passe incompréhensible aucun morceau ne donne jamais l’impression de partir dans tous les sens. Qu’on traverse une variété incroyable de genres abordés sans qu’il y ait jamais rupture brutale. Qu’on sait être à la fois inspiré, puissant, imprévisible et fluide.

Je voudrais avoir encore plusieurs semaines pour écouter cet album, je voudrais pouvoir vous le décrire encore un peu plus, un peu mieux. Être plus à même de vous faire plonger dans l’univers dérangé et génial de ces gens. Je voudrais ne plus avoir l’impression d’avoir effleuré son contenu alors que cette chronique est un pavé. Ne pouvant faire ça, je vais faire simple : ce truc est ÉNORME. Achetez-le, écoutez-le, et surtout réécoutez-le. Vous comprendrez.

Rédigée par Camel Cosmique Clash

Note : 18.5/20



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